il est dur, delano. né à la dure, élevé à la dure. orphelin trouvé par l'une des cinq familles de la mafia italienne de new york, alors qu'il n'avait que cinq ans. adopté par une de leur amie de new orleans. dressé à être un tueur et à travailler pour eux — le petit protégé de madame, que personne n'oserait toucher. aujourd'hui encore, il lui appartient. rien qu'il ne pourra faire pour se tirer de leurs griffes — ou de celles de madame. il leur est redevable. ne voudrait pas d'une autre vie : il a eu de la chance de décrocher celle-ci. hitman, intelligent et talentueux. efficace, prudent. invisible. de ceux qu'on ne remarque pas, et qui ne font jamais parler d'eux. tout ce qu'il veut, tout ce qu'il a toujours voulu, c'est survivre. il y est bon. froid, observateur, calculateur. charismatique et adaptable — passe-partout. écran de fumée trop charmant. trop posé. trop dangereux, derrière les sourires doucereux. mais il ne s'en cache pas, delano. il est qui il est — et il l'accepte avec la lucidité propre aux condamnés.

used to the darkness・ calme, patient, intelligent, calculateur, réfléchi, posé, séduisant, charmeur, respectueux, violent, cruel, implacable, vindicatif, rancunier, mesuré, manipulateur, rigoureux, appliqué, déterminé.

delano, il vit la nuit. delano, il existe la nuit. elle l'a bâti, modelé à son image. le jour ne fait que canaliser l'énergie qui se déploie une fois la lune levée — et on n'apprécie pas toujours ce que l'on doit confronter.

c'est la nuit, que le séducteur sort son sourire. la nuit, qu'il s'arme du regard à en déshabiller. c'est la nuit, qu'il susurre à l'oreille des âmes perdues, et perd son corps contre le leur en une étreinte fugace, disparue au jour levé.

c'est la nuit, qu'il tue. la nuit, qu'il se faufile dans les vies condamnées, pour y mettre une fin généralement méritée. il ne pose pas de questions. évite les femmes, évite les enfants. l'ombre des ténèbres, qu'on ne saura jamais être passée. l'ombre qui grésille parfois à la lumière d'une loupiote vacillante, quand vient le temps de faire crier. de tirer les informations, ou de faire passer des messages désagréables à encaisser.

c'est la nuit, qu'il passe avec elles. les filles dont il surveille le club, à l'occasion. les filles qui savent qu'à n'importe quel moment, leur patronne peut l'appeler, lui. c'est la nuit qu'il peut s'ouvrir à elles, la nuit qu'il se ferme quand elle l'appelle.

c'est la nuit.

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mr. nobody / 1992, beginning・ c'est un gamin abandonné dans un berceau d'hôpital. le lit de sa mère vide, et aucun numéro auquel la contacter. on se rend compte qu'elle a donné un faux-nom, et personne ne peut la retracer. personne ne la connaissait. elle avait la langue qui roulait, pourtant. l'italie collée au palais, au milieu d'un quartier où tout le monde le parlait. faut croire que personne n'a vraiment cherché.

elle avait eu le temps de le nommer.
delano, c'est tout ce qu'elle lui a laissé.

un orphelinat dans le quartier.
c'est tout ce à quoi elle l'a condamné.

rescue me / 1997, cinq ans・ l'orphelinat l'a gardé — mais la porte n'a pu le retenir. il court, delano. court dans les rues. déteste être enfermé. traité comme un enfant parmi d'autres, sans avoir la moindre liberté.

l'enfant silencieux, les regards trop noirs. le minois joli, malgré les joues rougies par l'effort. il court, le gamin. tend la main pour attraper au passage un portefeuille qui dépasse un peu trop d'une poche. et une rue plus loin, il bute contre une paire de jambes qui semble l'attendre. tombe à la renverse. portefeuille échappé. il regarde le type, et les deux autres à ses côtés. du lot émerge une femme — et il ne prend pas le temps de plus les observer. tente de reprendre le portefeuille et de s'enfuir, avant de se faire saisir et relever.

on lui prend sa victuaille. on lui demande ce à quoi il s'attendait. petit voleur des bas quartiers. mais la femme intervient. la femme est plus douce, et lui demande d'où il vient. ce qu'il fait là. delano le parle pas. on le presse, et il ment. dit qu'il n'a pas de parents. qu'il n'a nulle part où aller. pas de toit pour l'abriter. on ne le croit pas, à en voir sa mine propre et ses vêtements — mais on lui donne une chance de les accompagner, et il accepte.

elle le ramasse, la belle. l'amène à la table des gambino, où on lui donne à manger. c'est un drôle d'écart dans le temps. une faille dans la dureté des hommes, qui inspectent le gamin sans trop savoir quoi penser. la femme est assise à la table d'un petit qui mange comme si sa vie en dépendait. jusqu'à ce qu'un autre couple entre. qu'on lui demande s'il veut s'en aller. mais pour ça, faut la vérité.

quelques heures plus tard, on a rempli un formulaire d'adoption. processus accéléré par une liasse billets passée sous la table — la mafia n'a que faire de patienter. la deuxième femme a convaincu son mari, et c'est avec la bénédiction de la première qu'on emmène delano pour new orleans. la nouvelle vie qu'on lui a promise.

home / 2008, 16 ans・ le p'tit a grandi. main dans la main avec luca, la véritable gamine d'un couple d'amis des mazzone. ils ont le même âge, ou presque. pas besoin de se parler pour s'entendre — mais vous n'êtes pas destinés à être ensemble, qu'on leur apprendra vite. la seule idée les répugne, et ne leur traversera jamais l'esprit.

à l'adolescent on a très vite fait comprendre où était sa place, et à quoi il servirait. faut dire que la puberté l'a taillé, et que s'il n'a pas encore tout à fait fini de se développer on peut déjà voir les tendances se dessiner. on l'a entraîné, dès son plus jeune âge. une maîtresse, plus qu'une mère — mais madame a toujours été là pour lui. toujours su le rassurer, l'encadrer. elle lui a appris à se tenir en société, l'a flanqué dans les pattes d'un type qui la gardait avec respect. un type qui lui a tout appris. emilio, il faisait peur à tous les gamins du quartier. peur aux filles de la maison close, aussi. à delano, un peu moins. c'est ce qui s'est rapproché au plus d'un père, pour lui. un type qui lui a appris à se défendre. appris à défendre les autres. appris à tuer. bien trop jeune, et la violence déjà inculquée. greffée sur les phalanges, glissée sous les ongles. ce sera ça ta vie, mon grand.

entre les sorties avec emilio, delano traîne à la maison close que tient madame. jamais bien loin d'elle. jamais bien loin des filles, non plus. il les a vue défiler, vieillir. s'est toujours fait cajoler. le chouchou de ces dames, qui lui donnent toujours tout. la sexualité peut-être trop réveillée. les envie d'essayer, tues par les regards acerbes que madame sait si bien lui lancer. mais y a monica, récemment arrivée, qu'il trouve plus jolie que les autres. qui lui fait monter le rouge aux joues, quand il l'espionne avec ses clients. madame le surprend. madame lui offre la gratuite compagnie de monica, juste pour une nuit. juste pour que t'apprennes à te connaître,
et à la connaître elle.

bien vite, on leur fait comprendre :
delano est à madame.
quand emilio s'en ira, delano le remplacera.
et plus encore.

maîtresse plus que mère.

do you remember / 2012, 20 ans・ emilio a pris sa retraite. la mafia garde un oeil sur lui, et tout le monde le sait. mais emilio est respectueux, emilio est discret. emilio est silencieux — et il laisse dans son sillage delano. le digne apprenti devenu tueur bien trop tôt. ombre de madame, et objet de son désir dès que son mari a tourné les talons pour la nuit. il est jeune, delano — mais il est exactement là où il faut. on sait qu'il appartient à madame, corps et vie. lui aussi, le sait. c'est pas exactement pour le gêner. l'errance, flingue à la ceinture. les sourires aux filles, qui continuent d'être ses plus fidèles alliées, et ses confidentes comme jamais.

cette année-là, beverly débarque. elle est belle, bev. il passe du temps avec elle. c'est leurs minutes de plaisir entre leurs obligations. rien d'un couple, pourtant. madame ne le laisserait pas vraiment, et bev n'est pas comme ça. lui non plus. l'amour leur est étranger, et ce n'est qu'une amitié agrémentée. celle qu'il n'a pas le droit d'avoir avec luca. le sexe c'est pas pour vous, la règle n'a pas changé. il ne voudrait pas la voir modifiée. sa vie lui convient bien ainsi. luca, elle le connaît par coeur. beverly, elle sait le calmer. et leur présence même allège le coeur d'un gamin qui aurait pu rapidement devenir tourmenté.

unstoppable / 2021, 28 ans・ emilio s'est fait descendre, l'année passée. delano l'a vengé sans sourciller. dans le silence, peu à peu réfugier. c'était un moyen facile de composer avec le sang qu'il faisait trop souvent couler. la vie qu'il menait. dans les ténèbres de new orleans, ténèbres du pays, il louvoie. pas impressionné par les gestes qu'il commet, et qui noircissent ses rêves sans pour autant les saigner. on dit qu'y a rien, dans son coeur. que le gamin au regard sauvage n'existe plus, et qu'il ne reste que l'homme de main cruel. myocarde de pierre, un amant de madame et son favori. le gamin qu'elle a guidé, dans la vie. y a que les filles, qui savent. les filles, bev et luca. madame, aussi. mais pas son mari. il n'a jamais voulu savoir. ne s'en est jamais soucié. delano n'est qu'un bâtard ramassé sur le paillasson. pas de quoi s'en soucier.

l'âme noire vagabonde dans les caniveaux de new orleans. aux aguets, jamais lassé. habitué à une vie dont il ne pourrait jamais se défaire — et il le sait. a appris à s'y plaire. c'est ça qu'tu fais.

balle filante dans la nuit noire,
sans rien qui pourrait t'faire dévier.

c'est ça qu't'es.

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en vrac・ il a deux chiens : un pitbull entièrement brun, et un rottweiler. des bêtes d'attaque. animaux dressés à tuer, qu'il a ramassés après l'exécution d'un organisateur de combats de chiens et qu'il n'a que trop facilement apprivoiser. et il les aime, ses animaux. ils vivent dans une large cage, à l'arrière de la boucherie d'un ami — mais de temps à autre, delano les amène chez lui. / il a un bon contact avec les animaux. les seuls qu'il ne tuent pas, et qu'il ne fait que blesser. un truc avec les chiens, tout particulièrement. les grands se sont toujours moqués de lui en disant qu'il pouvait leur parler. dog trainer aurait été une bonne carrière, si t'étais pas coincé dans celle de tuer. / il est toujours armé. / c'était un enfant calme et silencieux, et ça se traduit encore aujourd'hui dans sa manière de s'exprimer. il réfléchit avant d'agir, pèse ses mots avant de parler. / il apprécie les fréquentations d'un soir, voire de quelque temps. mais se fait rappeler à son allégeance régulièrement. l'amant de madame — un statut auquel il n'échappera jamais. / malgré ça, madame l'a élevé. madame l'a toujours aimé. madame ne fait pas que se servir de lui, et il le sait. il l'aime en retour, comme on aimerait une mère qui lui a toujours juré n'en être pas une. l'aime étrangement. il ne voudrait plus de son lit, mais a besoin de sa tendresse comme tout autre enfant. / il apprécie les soirées à rester au calme chez lui. / il est très polyvalent sur ses méthodes — que ce soit pour tuer ou pour se débarrasser d'un corps. ça fait de lui un hitman relativement invisible, et dont on parle peu. c'est plus facile de dissimuler ses traces. plus facile de piéger d'éventuels rivaux, aussi. / il n'est pas particulièrement pratiquant, mais reste dans une certaine mesure croyant. préfère ne pas se prononcer. il déteste qu'on insulte la mémoire du seigneur, quoi qu'il en soit. / il ne fume pas, hormis quand il a un peu bu, ou après l'amour. l'alcool et le sexe lui tirent une cigarette, jamais plus. il fait attention à ça. / observateur hors pair, il n'est rien qui échappe à son coup d'oeil. il ne s'en vante pas, mais ne s'en cache pas non plus. il voit, il entend, il apprend. emmagasine, et ne réutilise que si besoin est. ça fait aussi partie du métier. / il s'entraîne surtout chez lui. la barre de traction dans un cadre de porte, les poids et outils non loin. besoin de personne pour le coacher. il sort à l'occasion courir, mais n'est pas du genre à prendre ce genre de risque. / c'est quelqu'un de très sexuel, quoi qu'on en dise. élevé à fréquenter les prostituées de madame, il a été sensibilisé dès son plus jeune âge — et n'a aucune gêne envers son propre corps ou celui des autres. le sexe ne lui fait pas peur non plus. il respecte néanmoins la réserve que les autres peuvent avoir à ce sujet. / il parle couramment italien, mais n'en garde aucune trace dans son anglais. fluide en chinois, il possède également quelques solides bases de japonais. un peu d'espagnol, pour être capable de comprendre les types envoyés par les cartels. il parle également le grec, pour l'entretien des affaires avec l'autre mafia présente en ville. quelques notions dans d'autres langues, aussi — une fois qu'on est polyglotte, apprendre toutes les autres paraît soudainement plus aisé. / cliché typique de l'italien, en cuisine. il maîtrise l'art des pâtes à la perfection, et prend un étonnant plaisir à les cuisiner. il ne reçoit pas souvent à souper, mais quand il le fait on sait généralement ce qu'on va manger — et on prend un plaisir à le regarder préparer. / il a une belle voix. un trait qu'on ignore complètement, si on ne l'a pas entendu préparer un souper. seul moment où il daigne chanter — musique à plein volume dans l'appartement, et les odeurs pour relever le nez. un vrai cliché. / il est plutôt silencieux. plutôt discret. voisin relativement poli et réservé. il n'invite que rarement chez lui, hormis ses conquêtes pour la nuit. le reste du temps, pas de télévision. chaîne hi-fi rarement utilisée. les passes-temps sont discrets, et la musique rarement allumée. / il n'est pas du genre à s'ouvrir sur ce qu'il ressent. les seules qui parviennent à le faire parler sont les filles que madame prostituent, et qu'il a toujours beaucoup fréquentées. avec elle, c'est plus simple. on dirait que de se savoir au même niveau, ça l'aide.